Les différents types de Personnalité dans une perspective psychanalytique
Ce texte a été rédigé à partir des ouvrages suivants :
– Pirlot, G., Cupa, D. (2012) Approche psychanalytique des troubles psychiques, Paris : Armand Colin.
– Chabert, C., Verdon, B. (2016) Psychologie clinique et psychopathologie, Paris : PUF.
– Bergeret, J. (1985) La personnalité normale et pathologique, Paris : Dunod.
– Juignet, P. (2013) La personnalité perverse, Psychisme.
Sommaire :
1- Personnalité névrotique
2- Personnalité psychotique
3- Personnalité états limites
4- Personnalité perverse
1- La Personnalité névrotique
La plupart de la population, nous présentons une personnalité névrotique. Elle est constituée de trois sous-types de personnalité : hystérique, obsessionnelle et phobique. La personnalité névrotique est une personnalité qui s’épanouie et qui s’adapte à l’environnement et aux autres, et qui, dans les moments difficiles, présente des symptômes caractéristiques et surmontables pour la personne (voir ci-après). 80% des personnes que vous croisez font partie de l’une de ses trois sous-catégories névrotiques.
a) La personnalité hystérique :
Théâtralisme, Tendance mythomaniaque, Falsification de l’existence, Suggestibilité, Hyperréactivité affective, Dépendance et immaturité affective, Inconsistance du Moi, Erotisation de l’imaginaire, Confusions des sentiments.
b) La personnalité obsessionnelle :
Sentiment d’incomplétude, Tendance aux scrupules, Doutes, Crises de conscience, Ruminations mentales, Introspections douloureuses et/ou anxieuse, tristes, coupables ; Inhibition : incapacité à agir, à choisir et à décider, fatigue physique et psychique permanente ; Hypersensibilité au stress ; Traits dépressifs ; Agitation idéo-verbale, Agitation psychomotrice, Doute ; Obstination, entêtement, Collectionnisme, difficultés à abandonner ; Angoisse de séparation ; Rapport à la saleté, Injures scatologiques, Cruauté envers les faibles, Refus de l’autorité ; Tendance à faire des cadeaux, résignation, soumission, Propreté excessive, Politesse, Bonté, défense des faibles, sens de la justice, Respect de l’autorité ; Rapport à la mort.
c) La personnalité phobique :
Des traits de personnalité communs avec la personnalité hystérique : Théâtralisme, Tendance mythomaniaque, Falsification de l’existence, Suggestibilité, Hyperréactivité affective, Dépendance et immaturité affective, Inconsistance du Moi, Erotisation de l’imaginaire, Confusions des sentiments. Des traits propres à la personnalité phobique : Personnalité anxieuse : Etat permanent de tension (pénible et fatiguant), sentiment d’insécurité, état d’alerte ; Labilité émotionnelle, débordement émotionnel, Irritabilité ; Hyperréactivité, sur le qui-vive, parti pris pour la fuite (avec inhibition ou fuite en avant) ; Recherche de réassurance, de protection, dépendance affective.
2- La Personnalité psychotique
La Personnalité psychotique est rare dans la population générale, mais facilement repérable. Ce qui la caractérise est une difficulté douloureuse à s’adapter à la réalité, à l’environnement et aux autres, d’où le recours à l’imaginaire et à l’irréel. Les personnes qui présentent ce type de personnalité ont souvent vécus des traumatismes dans leur jeunesse ou dans leur vie qui ont fortement perturbés le développement de leur fonctionnement psychologique et émotionnel. Nous reconnaissons la Personnalité psychotique par :
– La présence de DELIRE et/ou DISSOCIATION de la personnalité.
– Une perturbation plus ou moins importante du rapport à la réalité.
– Le conflit se situe entre le Ça (les désirs) et la réalité (intolérable et qui se transforme en néo- réalité conforme au désir de l’individu).
Les principaux symptômes sont :
Les Hallucinations :
– Hallucinations Psychosensorielles : auditive, visuelle, olfactive, gustative, tactile, cénesthésique ; psychomotrices ;
– Hallucinations Psychiques : visuelle ou auditive (syndrome d’automatisme mental).
Les Délires : Le délire comprend 5 caractéristiques (durée, thèmes, mécanismes, degré de systématisation, la réaction affective). Exemples de thèmes de délire : érotomaniaque, de persécution, religieux, mégalomaniaque…
3- La Personnalité états limites
La Personnalité états-limites montre principalement 7 symptômes repérables (DSM) :
– L’angoisse : elle est permanente, d’intensité variable. Elle va de la grande crise d’angoisse aigue jusqu’à minima le simple malaise existentiel mais dont la permanence empêche tout sentiment de bien-être. Elle est diffuse et flottante. Elle envahi le patient facilement et pour des motifs anodins (situations de stress, menaces d’abandon, …). Il y a un réel manque de tolérance à l’angoisse qui témoigne de la fragilité du Moi de l’état-limite. Il s’agit d’ une angoisse de perte d’objet, une angoisse d’abandon, une crainte de perte de la cohérence interne et de ses repères.
– Les symptômes d’apparence névrotique : Les phobies : elles sont fréquentes, atypiques, mal systématisées et dépourvu de moyen de lutte ; qui touchent le corps ; à la limite de l’obsession comme les phobies d’impulsion ; Avec une tonalité persécutive. Les Tocs : des compulsions et des idées obsédantes, atypiques et bizarres. Symptômes hystériques : symptômes de conversions : multiples, changeants, bizarres… qui sont sur la tonalité de la manipulation agressive. Symptômes hypochondriaques : fréquents, intenses, qui réduisent l’activité sociale. Ces craintes sont teintées d’éléments persécutifs et fortement rationnalisés.
– La dépression : est un symptôme cardinal chez l’état-limite. L’humeur est instable. Elle va de légère à grave. Une image de soi péjorative. La dépression désorganise les capacités adaptives. Pas de sentiment de culpabilité ou de remords. La personne se plaint d’être la victime, d’être
inefficace, d’être impuissante. Une tristesse avec des sentiments de solitude et d’anhédonie. Un sentiment de vide et d’ennui permanent qui représente une modalité de son existence.
– Le passage à l’acte : ce risque est important chez l’état-limite. Les personnes sont vulnérables au stress et à la frustration, lorsqu’elles y sont confrontées, elles perdent le contrôle et leurs pulsions agressives échappent à la mentalisation et à la symbolisation. Il peut s’agir d’une
fugue, de conduites de délinquance impulsives et inhabituelles, conduites sexuelles impulsives, alcoolisations aigues, prise de drogues, agressions sur autrui ou sur soi, des tentatives de suicides… Elles ont un but de manipulation affective, de chantage affectif. L’individu est en accord avec sa conduite au moment de l’acte, il ne la critique pas, cela peut même le satisfaire. Dans un deuxième temps, en dehors du passage à l’acte il se juge avec sévérité. Il reconnait les conséquences néfastes de sa conduite. Il a une apparente lucidité. Cependant, les deux états émotionnels et affectifs s’ignorent (présence de clivage).
– La relation de dépendance : il existe un secteur relationnel où l’individu état-limite est soumis et obéissant (avec les parents ou d’un représentant parental ou un conjoint) avec une attente passive de satisfaction et une manipulation agressive de l’autre. Mais si l’autre ne répond
plus aux attentes, la soumission bascule dans un rapport inverse, dans le rejet et le dénigrement. Cette relation de dépendance peut également se nouer avec l’alcool, les drogues ou les médicaments.
– Les conduites sexuelles : on retrouve très fréquemment des conduites « de types » perverses (et non pas des conduites perverses « fixées »), des troubles sexuels d’impuissance ou de frigidité.
– Des épisodes psychiatriques aigus : ce sont des épisodes aigus qui sont très labiles, transitoires, brefs, qui sont à l’origine d’hospitalisations. On retrouve les états d’angoisse aigue, les tentatives de suicide avec manipulation et chantage affectif, des épisodes psychotiques brefs.
4- La Personnalité perverse
Au premier abord, rien ne distingue ces personnes. Le contact immédiat est facile, la réalité, au sens ordinaire du terme (le concret, le social) est correctement perçue. La sociabilité est normale, voire excellente. Cependant, au fil des conversations, on s’aperçoit qu’il y a du flou, des réponses à côté, une rhétorique visant à convaincre sans rapport avec la vérité. La fréquentation des personnalités perverses provoque un malaise difficile à définir. Le pervers est égoïste, se considère comme supérieur et trouve normal d’utiliser les autres. Il est manipulateur par utilité et par plaisir. La loi civile et pénale ou les règlements ne sont respectés que superficiellement avec des transgressions diverses. Il n’y pas de respect de la parole donnée ou des engagements. Il n’a ni remords, ni culpabilité, ni de crises de conscience par rapport aux nuisances qu’il occasionne. Il n’endosse jamais la responsabilité de ses actes et la rejette systématiquement sur autrui. Ce qui rend le diagnostic difficile, c’est que le pervers a deux faces et souvent deux vies. Avec les uns, il peut être en apparence normal, consciencieux et respectueux ; mais avec les autres, il se montre cruel, méprisant, tyrannique, sans humanité. ( Juignet , Psychisme, 2013). Le pervers n’a pas d’inhibition, car il ne se donne pas d’interdit, rien ne peut venir entraver son action, et les passages à l’acte délictueux se font selon les circonstances qui se présentent. Exemples d’épisodes antisociaux : délit d’initié, abus de biens sociaux, tricherie, vol, agression, viol, meurtre. Sur le plan sexuel, il y a une recherche de satisfaction par tous les moyens. Dans de nombreux cas, on note des déviations sexuelles majeures : voyeurisme/exhibitionnisme, sado- masochisme, pédophilie, et dans les formes graves viol ou meurtre… Les variations de la sexualité perverses sont infinies. L’activité choisie peut devenir exclusive et ritualisée ou rester plurivalente. Dans tous les cas, il s’agit d’une activité autoérotique, et non hétéroérotique, puisque l’autre est ignoré dans ses désirs propres, le pervers ne cherchant que sa jouissance personnelle. L’utilisation de drogues ou substances toxiques avec ou sans addiction est très fréquente. Elle concerne le tabac, l’alcool, les amphétamines, la cocaïne, l’héroïne, le jeu d’argent, les conduites à risques, délinquance, sports dangereux… Les pervers les affectionnent puisqu’elles marquent sa toute puissance. La séparation des modes de vie fait que ces conduites peuvent rester longtemps cachées. Les relations affectives sont instables, car le pervers ne s’attache pas. L’autre est vu comme un moyen. Les liens sont labiles, motivés par l’utilitaire, et se rompent facilement. Les relations amoureuses sont des relations de séduction, de domination et de manipulation. Pour manipuler les autres le pervers utilise tous les moyens à sa disposition : supériorité hiérarchique, dépendance affective ou financière. Il joue de divers ressorts psychologiques (culpabilisation, dévalorisation) ou utilise la violence verbale, physique et/ou psychologique. La manière de faire constante et caractéristique consiste à abaisser l’autre pour se valoriser. Le pervers se valorise au dépends des autres. Lorsque cet aspect est prévalent, on a affaire à un ” pervers narcissique “. Le pervers-narcissique se fait valoir aux dépends d’un autre
(Racamier P.C., Les schizophrénies, Paris, Payot, 1978). Le pervers nie la différence des sexes et des générations ce qui explique toute une série d’attitudes transgressives dont les perversions sexuelles. Il ignore la finitude et la mort ce qui provoque des conduites à risque et lui permet des actions et projets osés et aventureux. Le pervers se situe hors-la-loi, il l’ignore ou bien l’interroge sans cesse en la transgressant. Le rapport humain est entaché d’une haine détournée et latente.
Le pervers peut présenter des déviations sexuelles (Serge Delègue, 2011) :
– Le fétichisme : La satisfaction sexuelle est dirigée vers un objet. Il est le plus souvent associé au corps humain (chaussure, bas, gant, sous-vêtements…). L’objet est utilisé soit seul avec masturbation, soit avec un partenaire sexuel.
– La pédophilie : Le pédophile est un adulte qui a comme objet de satisfaction sexuelle l’enfant pré-pubère. Le désir est souvent hétérosexuel et souvent l’acte pédophilique est réalisé sans pénétration sexuelle.
– Le masochisme : La jouissance est possible si elle est associée à une souffrance physique. Importances des scénarios et des ustensiles.
– Le sadisme : Le plaisir sexuel est associé à des souffrances ou des humiliations réalisées sur l’autre.
– Le voyeurisme : Le plaisir associé à une masturbation est obtenu en épiant à son insu une personne dans son intimité.
– L’exhibitionnisme : Plaisir à montrer son sexe en érection avec la réaction de dégoût ou de peur chez la victime. Souvent avec un scénario ou un décors répétés ou maintenus (préférence pour un type de lieu, un type de victimes…).
– Frotteurisme : se frotter contre la victime dans des lieux à forte concentration humaine (métro, bus, tram).